Mon activité de psychiatre consultant auprès d’enfants, d’adultes, de familles et de couples d’autres origines m’a aussi amené à réfléchir à un certain nombre de problématiques spécifiques. Dans la mesure où nombre de mes patients avaient souffert de la guerre, de la torture, de viol, de la mort ou de la disparition de nombreux proches, je m’interrogeai beaucoup sur les traumatismes et les deuils, questionnant les théories alors en vogue. L’hymne au traumatisme propre à l’époque reléguait au second plan la problématique du deuil et ses potentialités créatrices. Mais il convenait aussi de développer une compréhension - encore alors inexistante - des spécificités présentées par les processus de deuil aux temps de la survie, d’en tirer les conséquences sur le plan thérapeutique. Je m’intéressai encore à d’autres thèmes connexes: les suspicions de maltraitance, le rôle de l’école, adolescence et guerre, les couples biculturels, le rôle des professionnels dans la perpétuation de l’exclusion. Le travail avec des interprètes me conduisit à interroger en profondeur ma position de psychothérapeute, à ébranler certains de nos présupposés (généralement considérés comme allant de soi) concernant les relations soignants / soignés, travailleurs sociaux / personnes assistées, enseignants / enseignés, à considérer que nous - supposés professionnels de la relation - jouions un rôle actif dans la perpétuation des exclusions et plus globalement d’un ordre social fondé sur l’inégalité des droits.
Vous trouverez dans la rubrique « ELABORATION THEORIQUE » tous les thèmes traités ainsi que les articles et textes en relation.